Le Canada est encore en retard sur d’autres pays dans la lutte contre la fraude des produits de la mer

Press Release Date: July 29, 2021

Les plus récents tests d’ADN effectués par Oceana Canada démontrent que près de la moitié des produits de la mer testés étaient mal identifiés; un nouveau sondage démontre que les Canadiens sont préoccupés par nos chaînes d’approvisionnement mal réglementées

TORONTO, ON – Les résultats de la dernière enquête d’Oceana Canada sur la fraude des produits de la mer, publiés aujourd’hui et faisant partie de l’étude nationale et pluriannuelle la plus exhaustive par test d’ADN au Canada, révèlent que 46 % des échantillons de produits de la mer provenant de restaurants et épiceries dans quatre grandes villes canadiennes étaient mal identifiés. Ceci démontre que le Canada est encore aux prises avec un problème de fraude généralisée en matière de produits de la mer, ce qui menace les Canadiens, les pêcheurs honnêtes, les écosystèmes marins et notre économie des produits de la mer.

En raison des préoccupations des Canadiens et de progrès inadéquats dans l’élaboration d’un système de traçabilité des produits de la mer par le gouvernement, Oceana Canada a réexaminé certaines villes où des produits de la mer avaient auparavant été testés. Ainsi, 46 % des échantillons prélevés à Halifax, Montréal, Ottawa et Toronto étaient mal identifiés (43 sur 94). Ce chiffre n’est qu’à un point de pourcentage près du taux d’identification trompeuse de 47 % constaté sur 472 échantillons testés par Oceana Canada entre 2017 et 2019, et correspond aux études antérieures menées au Canada et dans le monde.

Une nouvelle étude de marché aussi publiée aujourd’hui, réalisée par Abacus Data pour Oceana Canada, démontre que les Canadiens soutiennent massivement la traçabilité des produits de la mer et veulent que le gouvernement agisse. 87% sont inquiets à l’idée d’acheter des produits de la mer mal identifiés, contre 76% en 2020; et 86% sont préoccupés par le fait que le gouvernement ne s’attaque pas à l’identification frauduleuse des produits de la mer et la pêche illégale au Canada.

En 2019, le gouvernement canadien s’est engagé à mettre en œuvre un système de traçabilité du navire à l’assiette; ce qui permettrait au Canada de s’aligner sur les pratiques exemplaires mondiales. Cependant, il n’a toujours pas présenté de plan ni d’échéancier pour ce faire. Jusqu’à ce que cela se produise, les Canadiens n’ont aucune garantie que les fruits de mer qu’ils consomment sont sécuritaires, pêchés légalement ou identifiés honnêtement. Oceana Canada demande au gouvernement de concrétiser dès maintenant son engagement en élaborant une solution qui soit obligatoire, complète et conforme à nos partenaires commerciaux et aux pratiques exemplaires mondiales.

« Acheter du poisson ne devrait pas être un jeu de devinette. Les Canadiens méritent d’avoir confiance envers les produits qu’ils consomment », affirme Sayara Thurston, Spécialiste de campagne, fraude des produits de la mer. « Alors que d’autres pays renforcent leurs systèmes de traçabilité existants ou en élaborent de nouveaux, le Canada accuse un retard encore plus important. Le gouvernement fédéral s’est engagé à résoudre ce problème il y a près de deux ans, mais n’a réalisé aucun réel progrès. La situation est claire et, face à l’absence de progrès, peu surprenante : l’identification frauduleuse des produits de la mer est toujours omniprésente au Canada. »

Résultats-clés de l’étude :
  • Taux d’identification trompeuse par ville : Montréal, 52 %; Ottawa, 50 %; Toronto 50 %; Halifax, 32 %.
  • Globalement, nous avons relevé 10 cas où des produits identifiés comme du stromaté ou du thon étaient en fait de l’escolar. Ce poisson gras peut provoquer des symptômes gastro-intestinaux aigus tels que diarrhée, vomissements et nausées, et est interdit de vente dans plusieurs pays. 
  • L’une des espèces de poisson identifiées n’est pas autorisée à la vente au Canada.  
  • Parmi les 13 échantillons identifiés sous le nom de vivaneau, sept étaient en fait du tilapia, une espèce beaucoup plus économique.  
  • Tous les échantillons de stromaté, de limande à queue jaune et de thon blanc étaient mal identifiés (total de 24 échantillons). 
  • Le taux de mauvaise identification chez les détaillants s’élevait à 6,5 %; un taux plus bas que la moyenne combinée de 25 % relevée dans les études antérieures d’Oceana Canada. Ce taux dans les restaurants est cependant passé de 56 % à 65 %. En raison de l’opacité de l’approvisionnement en produits de la mer au Canada, les détaillants et les restaurants peuvent eux-mêmes être victimes de fraude; et même les produits correctement identifiés peuvent avoir été pêchés illégalement ou provenir sans le savoir du travail forcé.

« Les produits de la mer présentent un risque élevé de fraude alimentaire ; cela inclut les erreurs d’identification, mais aussi les produits illégaux qui se fraient un chemin dans les chaînes d’approvisionnement » explique Mme Thurston. « Les produits de la mer sont l’une des denrées alimentaires les plus commercialisées au monde, et leurs chaînes d’approvisionnement complexes peuvent masquer la pêche illégale, la fraude et les violations des droits de l’homme, et coûter des millions de dollars en recettes fiscales perdues par l’économie légitime. La traçabilité du navire à l’assiette protégerait les consommateurs canadiens, les pêcheurs honnêtes et les populations de poissons vulnérables; en plus d’aider notre industrie des produits de la mer à préserver l’accès aux marchés mondiaux, dont certains exigent déjà une traçabilité accrue. »

L’Union européenne et les États-Unis ont instauré des systèmes de traçabilité pour leurs produits de la mer et le Japon est en train d’en élaborer un. Au Canada, les produits de la mer n’ont pas à présenter les informations prouvant leur origine, leur légalité ou leur caractère durable. L’expérience d’autres pays montre que la réglementation sur la traçabilité du navire à l’assiette permet de stopper la fraude et de protéger les consommateurs tout comme les océans.

Le rapport 2020 d’Oceana Canada sur les pratiques de pêche illégale, non déclarée et non réglementée a révélé que le Canada perd aussi des millions de dollars chaque année à cause de l’opacité de ses chaînes d’approvisionnement en produits de la mer. Les Canadiens dépensent jusqu’à 160 millions de dollars annuellement en produits issus de la pêche illégale; et le Canada perd jusqu’à 93,8 millions de dollars en recettes fiscales chaque année en raison du commerce illicite des produits de la mer.

Pour en savoir plus sur la campagne d’Oceana Canada sur la traçabilité des produits de la mer et pour signer la pétition demandant au gouvernement de s’attaquer à ce problème, visitez oceana.ca/fr/ArreterLaFraude.

Contacts: Tammy Thorne, Oceana Canada, tthorne@oceana.ca, 437-247-0954 et Kathleen Munro, Pilot PMR, kathleen.munro@pilotpmr.com, 902-789-3165. Trousse médias disponible ici.

Oceana Canada, établie en 2015, est une organisation caritative indépendante qui fait partie de la plus grande organisation internationale vouée exclusivement à la conservation des océans. Les efforts de sensibilisation d’Oceana Canada ont notamment contribué à mettre fin au commerce des nageoires de requins, faire du rétablissement des populations de poissons épuisées une obligation légale, améliorer la façon dont les pêches sont gérées, et protéger les habitats marins. Nous travaillons avec la société civile, les universitaires, les pêcheurs, les populations autochtones et le gouvernement fédéral afin d’aider les océans canadiens à retrouver leur santé et leur abondance d’autrefois. En assurant la restauration des océans canadiens, nous fortifierons nos communautés, profiterons de plus grands avantages sur les plans économique et alimentaire, et protégerons notre avenir.