Alimenter l’avenir : revitaliser les pêches de l’Atlantique en rétablissant le capelan et la morue
Oceana Canada exhorte le gouvernement fédéral à suspendre la pêche au capelan et réduire le quota de morue du Nord pour protéger les écosystèmes océaniques et les communautés côtières
Press Release Date: April 8, 2025
Au cours de la dernière semaine, Pêches et Océans Canada (MPO) a rencontré des représentants de l’industrie de la pêche, des détenteurs de droits autochtones, des scientifiques et des groupes environnementaux, dont Oceana Canada, afin de discuter des mesures de gestion à venir pour deux stocks importants : le capelan, historiquement surpêché et épuisé, et la morue du Nord, une espèce emblématique en difficulté (zone 2J3KL de l’OPANO).
Pendant des années, une gestion inadéquate des pêches a négligé un fait essentiel : ni le capelan ni la morue n’ont présenté de croissance substantielle jusqu’à des niveaux sains depuis 2017. Oceana Canada exhorte le MPO à restaurer des pêches prospères en se conformant à la science, à la loi et aux politiques. Cela doit commencer par des décisions de gestion, dès cette année. Oceana Canada décrit ci-dessous les mesures nécessaires au rétablissement de ces populations vitales.
Sommaire :
Le capelan n’est plus qu’à 16 % de sa biomasse pré-effondrement et doit être rétabli pour préserver la santé des océans, de la vie marine et des communautés côtières. L’indice de biomasse 2024, qui suit le capelan de deux ans, a démontré une croissance du stock, coïncidant avec une pêche nulle en 2022 en raison d’une demande insuffisante dans le marché. Il s’agissait de la première interruption de pêche depuis 1994, la pêche à la rogue ciblant les femelles ovipares n’ayant pas eu lieu. Cependant, la pêche a repris en 2023 et 2024, et le stock risque maintenant de chuter dangereusement près de son point de référence limite – le seuil en deçà duquel des dommages graves se produisent.
La morue du nord, un prédateur principal du capelan, reste en état d’épuisement précaire et peine à se rétablir. Bien que le nouveau modèle d’évaluation comporte des incertitudes, la tendance est claire : les stocks de morue continuent de stagner et de décliner, en partie à cause de la pénurie de capelan, leur principale nourriture. La morue du Nord ne peut se rétablir sans capelan; pourtant, la gestion actuelle ne tient pas compte de ce lien fondamental.
Le Canada dispose des outils nécessaires pour rétablir les deux stocks et les gérer ensemble, pourvu qu’ils soient utilisés à bon escient. Par exemple, deux autres stocks de morue (du sud de Terre-Neuve et du nord du golfe du Saint-Laurent) suivent une trajectoire de redressement, grâce à de nouveaux plans de rétablissement qui fixent des objectifs de gestion. En revanche, la morue du nord reste en crise, sans objectifs ni décisions en matière de capture. La gestion du déclin n’est pas un plan de rétablissement; c’est un échec économique au ralenti. Un avenir intelligent et résilient pour les produits de la mer commence par une gestion axée sur la croissance.
Prochaines étapes :
En tant que participants au Comité consultatif du capelan pour la zone 2J3KL et au Comité consultatif du poisson de fond pour la morue du nord du MPO, Oceana Canada recommande de :
- Suspendre la pêche au capelan et réduire de moitié le quota de morue du Nord jusqu’à ce que des mesures de rétablissement soient mises en place.
- Établir des seuils de santé et des objectifs de biomasse, en vertu de la Loi sur les pêches.
- Fixer des règles de capture annuelles pour assurer une pêche prévisible, propice au rétablissement des stocks.
- Ajouter immédiatement le capelan aux dispositions relatives aux stocks de poissons de la Loi sur les pêches.
- Mettre en œuvre des protocoles modernes de surveillance des pêches pour les deux stocks, conformément à la politique de surveillance des pêches du MPO.
Citations :
« Le capelan est trop important pour continuer à être géré par le report de quotas et l’hypothèse dépassée selon laquelle la population ne peut pas se rétablir. Le capelan revêt une importance culturelle en tant que nourriture humaine lors de la Fête annuelle du capelan, attire les baleines à bosse qui soutiennent les entreprises d’écotourisme, et nourrit les colonies d’oiseaux qui peuplent les côtes de Terre-Neuve-et-Labrador. Le capelan est le poisson de tout le monde – et donc la responsabilité de tous, » déclare Jack Daly, Spécialiste des sciences de la mer chez Oceana Canada.
« L’avenir de la pêche à la morue du nord au Canada et sa place sur le marché mondial des produits de la mer reposent sur le rétablissement du capelan. Les propres données scientifiques du MPO confirment que le manque de capelan est le plus grand obstacle au rétablissement de la morue du nord. Pour obtenir une morue abondante et une industrie des produits de la mer résiliente, nous devons rompre avec les pratiques de gestion défaillantes et nous engager à rétablir les populations de capelan et de morue. Le choix est clair : il faut rétablir le capelan, ou risquer de perdre définitivement la morue », a déclaré Rebecca Schijns, Spécialiste des sciences de la mer et des pêches chez Oceana Canada.
Données inconnues
Le capelan et la morue du Nord ne disposent pas de points de référence supérieurs pour les stocks permettant de définir une population saine, ni d’objectifs de biomasse, de règles de décision en matière de capture ou d’autres indicateurs scientifiques essentiels à une prise de décision éclairée et aux efforts de rétablissement. Sans ces outils, le MPO continue à gérer le capelan à l’aveuglette depuis plus de trente ans. Les décisions antérieures relatives aux captures de morue n’ont pas respecté les avis scientifiques ni les exigences politiques et réglementaires, laissant l’industrie de la pêche sans perspective claire pour l’avenir.
Des données probantes :
- Le capelan s’est épuisé au cours des 30 dernières années. La population ne compte plus que 16 % de son abondance historique.
- 84 % des habitants de Terre-Neuve-et-Labrador sont favorables à l’arrêt de la pêche commerciale au capelan afin de permettre à la population de se développer. 82 % sont d’accord avec le fait que le gouvernement fédéral devrait en faire plus pour protéger et gérer les populations de poissons, comme le capelan, qui alimentent les grands écosystèmes océaniques (sondage d’avril 2023).
- En 2024, un moratoire commercial de 32 ans sur la morue du Nord a été levé, et le quota de pêche canadien a été augmenté de 38,5 % pour atteindre 18 000 tonnes. Cela a coïncidé avec une nouvelle méthode d’évaluation de la morue et la diminution du point de référence limite.
- La morue a connu un petit regain de population vers 2017, mais s’est depuis stabilisée à des niveaux insuffisants, la biomasse du stock reproducteur oscillant entre 300 000 et 600 000 tonnes – soit environ le tiers de ce qu’elle était au début des années 1960, sans qu’aucune amélioration en vue. Des études suggèrent que la morue du Nord pourrait se rétablir en 11 ans, générant 16 fois plus d’emplois et 233 millions de dollars d’activité économique.
Établie en 2015, Oceana Canada est une organisation caritative indépendante faisant partie de la plus grande organisation internationale vouée exclusivement à la conservation des océans. Les campagnes d’Oceana Canada ont notamment contribué à interdire les plastiques à usage unique, mettre fin au commerce des nageoires de requins, faire du rétablissement des populations de poissons épuisées une obligation légale, améliorer la façon dont les pêches sont gérées, et protéger les habitats marins. Nous travaillons avec la société civile, les universitaires, les pêcheurs, les populations autochtones et le gouvernement fédéral afin d’aider les océans canadiens à retrouver leur santé et leur abondance d’autrefois. En rétablissant les océans canadiens, nous fortifierons nos communautés, profiterons de plus grands avantages sur les plans économique et alimentaire, et protégerons notre avenir. Apprenez-en plus au www.oceana.ca.