Un nouveau rapport d’Oceana Canada dévoile une fraude répandue dans les produits de la mer au Canada
Press Release Date: August 28, 2018
TORONTO – Oceana Canada, un organisme dédié à la conservation de l’océan, publie aujourd’hui un nouveau rapport qui révèle une incidence alarmante de fraude dans les produits de la mer au Canada ; il demande à l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) d’implanter une procédure de traçabilité complète, du navire jusqu’à l’assiette. Dans le cadre de l’enquête la plus exhaustive sur la fraude des fruits de mer dans les restaurants et les détaillants jamais effectuée au Canada, près de 400 échantillons de poissons ont été recueillis pour analyse auprès de détaillants et restaurants dans cinq grandes villes canadiennes. Parmi ceux-ci, 44 pour cent se sont avérés mal identifiés.
« La fraude des fruits de mer, qui comprend toute activité entraînant la fausse représentation des produits vendus, est un véritable fléau ; et les Canadiens ne savent pas qu’ils sont trompés, » explique Julia Levin, Spécialiste de campagne pour Oceana Canada. « Au-delà des préoccupations économiques, la fraude des fruits de mer entraîne des risques pour l’innocuité alimentaire et la santé humaine, pénalise les pêcheurs et les fournisseurs honnêtes et crée un marché pour le poisson capturé illégalement, ce qui peut aussi camoufler des violations des droits de la personne. »
Le personnel d’Oceana Canada a recueilli 382 échantillons de poissons et fruits de mer auprès de 177 détaillants et restaurants à Halifax, Ottawa, Toronto, Vancouver et Victoria pour son rapport, La fraude des fruits de mer et l’étiquetage trompeur au Canada. En plus de 44 pour cent des échantillons (168 échantillons) qui ne respectaient pas les normes d’étiquetages établies par l’ACIA, les résultats suivants sont dévoilés dans le rapport :
• Le taux d’identification trompeuse était plus élevé dans les restaurants : 52 pour cent des échantillons étaient mal identifiés. Les détaillants alimentaires (incluant épiceries et poissonneries), quant à eux, avaient un taux d’étiquetage trompeur de 22 pour cent.
• Parmi les 177 entreprises évaluées, 64 pour cent vendaient du poisson mal étiqueté (114 entreprises). Oceana Canada a décelé de la fraude dans 70 pour cent des restaurants évalués (95 restaurants sur 136) et 46 pour cent des détaillants (19 détaillants sur 41).
• Les 10 échantillons de « stromaté », et 10 des 15 échantillons de « thon blanc » se sont avérés être de l’escolar. Ce poisson gras peut entraîner des symptômes gastro-intestinaux aigus tels que de la diarrhée, des nausées et des vomissements. L’Italie et le Japon ont banni la vente d’escolar en raison des risques potentiels ; le Japon considère d’ailleurs que cette espèce est toxique.
• Dans 74 pour cent des cas d’étiquetage trompeur (124 échantillons sur 168), le poisson indiqué sur le menu du restaurant ou l’étiquette du détaillant était une espèce plus dispendieuse que l’espèce véritablement vendue. Parmi les échantillons mal identifiés, trois espèces se camouflaient dans près de 40 pour cent des substitutions : le tilapia, l’escolar et la sériole du Japon.
L’enquête s’est concentrée sur les espèces de poisson susceptibles d’être mal identifiées en raison de leur grande valeur économique, leur disponibilité ou leur popularité. Par exemple, aucun des 44 échantillons de « vivaneau » analysés n’était légitime, et ce malgré le fait que l’ACIA permet à plus de 200 espèces de porter le nom de vivaneau.
« Tout au long de ma carrière, j’ai été responsable de l’achat d’aliments et de boissons pour plus de 100 millions de dollars. Nous bénéficions des meilleurs aliments lorsque nous savons exactement d’où ils proviennent et quel est leur impact sur l’environnement, » affirme M. Brad Long, Chef, animateur au Food Network et propriétaire du Café Belong à Toronto. « Garantir l’espèce vendue et son origine représente une responsabilité essentielle, non seulement pour le gouvernement, mais pour toute l’industrie. »
Oceana Canada demande la traçabilité du navire à l’assiette
La chaîne d’approvisionnement mondiale des produits de la mer est obscure et d’une complexité grandissante, et les occasions de substitution se trouvent à toutes les étapes. En 2016, l’analyse de plus de 200 études provenant de 55 pays a révélé qu’un échantillon de fruits de mer sur cinq était mal étiqueté. En l’absence de réglementations garantissant la traçabilité du produit et la transparence à chaque étape de la chaîne d’approvisionnement, les consommateurs risquent de subir de la fraude tout au long du processus.
« Un poisson peut traverser plusieurs frontières et changer de mains une multitude de fois avant de se retrouver dans notre assiette, » explique M. Robert Hanner, Professeur associé, département de biologie intégrative à l’Université de Guelph. « Par exemple, un poisson pêché au Canada sera expédié en Chine pour être éviscéré, aux États-Unis pour être pané, puis vendu au Canada. Il sera identifié comme étant un produit des États-Unis. Avec un approvisionnement aussi complexe, l’identification trompeuse peut survenir à tout moment. »
« La fraude des produits de la mer est un fléau mondial ; selon certaines estimations, ce problème représente une valeur de 70 millions de dollars à l’échelle mondiale. C’est un montant plus élevé que le trafic d’héroïne et le trafic d’armes, combinés, » dit Sylvain Charlebois, Professeur, Distribution et politiques alimentaires, Université Dalhousie. « Une réglementation sur la traçabilité est une première étape essentielle afin d’accroître la responsabilité des intervenants et réduire la fraude. »
L’expérience de certains pays comme ceux de l’Union européenne démontrent l’efficacité des règles de traçabilité. L’Union européenne, le plus grand importateur de fruits de mer au monde, a déjà implanté plusieurs exigences sur la traçabilité et l’étiquetage détaillé des produits. Suite à cette implantation, l’incidence de fraude est passée de 23 pour cent en 2011, jusqu’à sept pour cent en 2014. Et tandis que les États-Unis ont déjà entrepris des mesures en ce sens, le Canada se retrouve encore bien loin derrière.
Malgré que les recherches de l’ACIA ont démontré la prévalence d’étiquetage trompeur dans les produits de la mer, aucune mesure préventive n’est prévue dans la réglementation canadienne. Lorsque l’ACIA a proposé le nouveau Règlement sur la salubrité des aliments au Canada, l’an dernier, Oceana Canada a émis des recommandations afin d’y inclure un système assurant la traçabilité de tous les produits de la mer dans notre chaîne d’approvisionnement. Malheureusement ce nouveau règlement, qui entrera en vigueur en 2019, n’aborde pas le problème de fraude des produits de la mer.
« Oceana Canada demande à l’ACIA d’instaurer une traçabilité complète des produits de la mer, du navire à l’assiette, afin de réduire la fraude et d’assurer l’exactitude des informations fournies aux Canadiens à propos des produits qu’ils achètent, » dit Mme Levin. « Le Canada est étroitement lié aux océans ; nous avons le plus long littoral au monde. Pourtant, nous ne faisons pas assez d’efforts pour assurer la santé et la pérennité de nos océans pour les générations futures. » -30-
Pour plus d’informations, veuillez communiquer avec Zoryana Cherwick, Consultante en communications, Pilot PMR, 416-462-0199 x232, 647-746-6764, zoryana.cherwick@pilotpmr.com
À propos d’Oceana Canada
Établie en 2015, Oceana Canada est une organisation caritative indépendante qui fait partie de la plus grande organisation internationale vouée exclusivement à la conservation des océans. Le Canada possède le plus long littoral au monde, avec une superficie océanique de 7,1 millions de kilomètres carrés, soit l’équivalent de 70 % de sa masse terrestre. Oceana Canada croit fermement que nous avons l’obligation envers notre pays, et le monde entier, de gérer nos ressources naturelles de façon responsable afin de fournir une source durable de protéines alimentaires pour une population mondiale en pleine croissance. Oceana Canada travaille en collaboration avec la société civile, les institutions académiques, les pêcheurs, les populations autochtones et le gouvernement fédéral afin d’aider les océans canadiens à retrouver leur santé et leur richesse d’autrefois. En assurant la restauration des océans canadiens, nous pourrons fortifier nos communautés, profiter de plus grands avantages sur les plans économique et alimentaire, et enfin, protéger notre avenir. Oceana.ca/fr/ArreterLaFraudeCanada