Le gouvernement cède à la pression de l’industrie et permet la surpêche de la morue: Cette décision va à l’encontre des recommandations scientifiques et la nouvelle Loi sur les pêches
Press Release Date: June 25, 2019
(Halifax, Nouvelle-Écosse)… Pêches et Océans Canada (MPO) a diffusé aujourd’hui son quota annuel de capture pour la morue du Nord, une espèce en état critique. Le nouveau quota maximal a été établi à 12 350 tonnes, ce qui représente une hausse de 30 % par rapport à 2018, et ne tient pas compte de la quantité inconnue de morue prise par pêche récréative à Terre-Neuve. Cette décision vient saboter la nouvelle Loi sur les pêches, adoptée il y a quelques jours à peine. Elle va aussi à l’encontre des politiques du gouvernement, lesquelles visent à maintenir toutes les sources de mortalité du poisson au plus bas niveau possible pour les espèces épuisées.
Vingt-sept ans après l’effondrement des stocks de morue, le gouvernement choisit encore de ne pas donner à ce stock les meilleures chances de rétablissement, perdant par le fait même de précieuses opportunités pour les communautés côtières et l’écosystème marin de profiter d’une pêche rétablie jusqu’à l’abondance.
La semaine dernière, le gouvernement a adopté une nouvelle Loi sur les pêches modernisée qui, pour la première fois de son histoire, rend obligatoire le rétablissement des populations de poissons épuisées.
« En augmentant le quota de capture sur ce stock gravement épuisé, le gouvernement ne respecte pas sa propre politique ni les dispositions de la Loi sur les pêches », explique M. Robert Rangeley, Directeur des sciences pour Oceana Canada. « Le déclin de la population de morue pourrait s’accentuer, car l’aspect le plus important qui peut être contrôlé par le MPO, soit la gestion de la mortalité par pêche, n’est pas géré de façon responsable. »
M. Rangeley ajoute que la morue du Nord n’offre actuellement qu’une fraction de sa valeur potentielle auprès des communautés. « Il y a un potentiel extraordinaire associé au rétablissement de la morue jusqu’à un niveau sain, qui pourrait alimenter une pêche durable et hautement lucrative. Pourtant, le gouvernement ne gère toujours pas la pêche dans une optique de rétablissement », affirme M. Rangeley.
Une étude portant sur l’économie de la pêche, commandée par Oceana Canada, a démontré que le rétablissement de la pêche à la morue du Nord pourrait générer 16 fois plus d’emplois et une valeur nette jusqu’à cinq fois plus élevée qu’aujourd’hui. En assurant une faible pression de pêche et des conditions environnementales favorables, le stock de morue pourrait être rétabli en 11 ans à peine, au bénéfice des communautés côtières. L’activité économique générée par une pêche rétablie pourrait faire augmenter sa valeur, évaluée actuellement à 36 millions de dollars et générant 1600 emplois, jusqu’à 233 millions en dollars d’aujourd’hui et 26 000 emplois potentiels.
Autrefois, la morue du Nord faisait l’objet d’une pêche massive qui stimulait l’économie et alimentait des millions de personnes, jusqu’à son effondrement au début des années 1990. En 2019, le MPO a annoncé que la biomasse de morue démontrait une légère augmentation. Pourtant, cette biomasse se situe encore à moins de la moitié du niveau requis pour sortir le stock de la zone critique, soit la zone où le stock est le plus gravement affecté ; c’est pourquoi les politiques du MPO mettent l’accent sur l’approche de conservation.
« Afin de rétablir les stocks épuisés jusqu’à un niveau viable, la science, les politiques gouvernementales et le gros bon sens demandent de garder au plus bas niveau possible la pression exercée par la pêche », affirme M. Rangeley. « Toute augmentation potentielle du quota de pêche devrait être considérée uniquement au moment où le gouvernement aura une estimation fiable des volumes de morue réellement capturés par pêche commerciale et récréative ; et ce, uniquement si le nouveau quota respecte les exigences d’un plan de rétablissement qui optimise les chances du stock de quitter la zone critique. »
Oceana Canada continue à militer pour la réalisation d’un plan de rétablissement de la morue, attendu depuis des années. De plus, l’organisme demande une implantation rapide d’une politique nationale qui rendrait obligatoire l’établissement d’un niveau suffisant de surveillance pour la pêche commerciale et récréative, ainsi que l’évaluation exacte de toutes les prises conservées et rejetées.
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Kathleen Munro, Kathleen.munro@pilotpmr.com ; 416-462-0199
À propos du rétablissement des pêches
Depuis sa fondation, Oceana Canada milite pour le rétablissement des pêches canadiennes. Afin de mieux comprendre le grand potentiel d’abondance des océans canadiens, Oceana Canada a récemment commandé une étude auprès de grands économistes des pêches, analysant les coûts et les avantages socio-économiques associés au rétablissement des pêches. Cette étude a révélé que le rétablissement de la pêche à la morue pourrait générer 16 fois plus d’emplois et une valeur nette actuelle jusqu’à cinq fois plus élevée qu’aujourd’hui. Ces résultats soulignent l’importance d’établir des quotas de pêche selon les données scientifiques qui soutiennent le rétablissement des populations jusqu’à un niveau viable.
À propos d’Oceana Canada
Établie en 2015, Oceana Canada est une organisation caritative indépendante qui fait partie de la plus grande organisation internationale vouée exclusivement à la conservation des océans. Le Canada possède le plus long littoral au monde, avec une superficie océanique de 7,1 millions de kilomètres carrés, soit 70 % de sa masse terrestre. Oceana Canada croit fermement que nous avons l’obligation nationale et mondiale de gérer nos ressources naturelles de façon responsable afin de fournir une source durable de protéines alimentaires pour une population en pleine croissance. Oceana Canada travaille en collaboration avec la société civile, les institutions académiques, les pêcheurs, les populations autochtones et le gouvernement fédéral afin d’aider les océans canadiens à retrouver leur santé et leur richesse d’autrefois. En assurant la restauration des océans canadiens, nous pourrons fortifier nos communautés, profiter de plus grands avantages sur les plans économique et alimentaire, et protéger notre avenir. oceana.ca.
