Le Canada accumule du retard dans la gestion d’un problème endémique de fraude des produits de la mer
Press Release Date: October 15, 2019
Les derniers résultats d’une enquête nationale révèlent que 61 % des échantillons recueillis à Montréal étaient mal identifiés
(Montréal, Québec)… Les résultats de la plus récente enquête sur la fraude des produits de la mer, publiée aujourd’hui, démontrent des preuves grandissantes que le Canada a un problème largement répandu de fraude en ce qui concerne les produits de la mer. Des tests d’ADN effectués sur des échantillons de poissons recueillis chez des restaurants et épiceries de Montréal ont révélé un des pires taux d’identification trompeuse au pays : un taux alarmant de 61 pour cent des échantillons étaient une autre espèce que celle annoncée, ou ne respectaient pas les normes d’étiquetage de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA).
Cette récente analyse s’ajoute aux résultats d’une enquête nationale effectuée par Oceana Canada sur plusieurs années, la plus vaste étude sur l’identification trompeuse et la fraude des produits de la mer dans les restaurants et épiceries jamais réalisée au Canada. Ainsi, près de la moitié des 472 échantillons testés et provenant de six villes canadiennes, soit 47 pour cent, étaient identifiés de façon trompeuse. En plus de Montréal, des tests ont été effectués à Victoria (67 % mal identifiés), Toronto (59 % mal identifiés), Ottawa (46 % mal identifiés), Halifax (38 % mal identifiés) et Vancouver (26 % mal identifiés).
« Nous avons découvert du poisson d’élevage vendu sous appellation sauvage, des espèces bon marché déguisées sous l’identité d’espèces dispendieuses, et des poissons bannis dans plusieurs pays en raison de risques pour la santé vendus sous une fausse identité », explique Josh Laughren, Directeur exécutif chez Oceana Canada. « Nous avons aussi découvert des problèmes endémiques quant aux normes de traçabilité et d’étiquetage des produits de la mer. Les Canadiens méritent de savoir que leurs poissons et fruits de mer sont sécuritaires, étiquetés honnêtement et capturés légalement. »
« La bonne nouvelle est qu’il existe des solutions : il faut implanter une traçabilité exhaustive, du navire jusqu’à l’assiette, et des normes d’étiquetage détaillées à travers les chaînes d’approvisionnement canadiennes. Pour ce faire, les informations essentielles du produit doivent l’accompagner à toutes les étapes, de la capture jusqu’au point de vente », explique M. Laughren. « Ceci nous permettra de réduire l’incidence de fraude et d’étiquetage trompeur, et protégera tant les consommateurs canadiens que les pêcheurs honnêtes et les espèces de poissons vulnérables ; en plus d’améliorer l’accès au marché mondial pour l’industrie canadienne des poissons et fruits de mer, plusieurs pays ayant déjà des exigences plus strictes en matière de traçabilité. »
Les résultats obtenus par d’autres pays nous démontrent qu’une traçabilité exhaustive est efficace pour arrêter la fraude et protéger les consommateurs comme les océans. L’Union européenne, le plus grand importateur de fruits de mer au monde, a instauré plusieurs exigences strictes en matière de traçabilité et d’étiquetage. Par conséquent, l’incidence de fraude est passée de 23 pour cent en 2011 jusqu’à sept pour cent en 2014.
Le Canada produit des poissons et fruits de mer de grande qualité, dont environ 85 pour cent sont destinées à l’exportation. À l’inverse, environ 80 pour cent des produits de la mer consommés au Canada sont importés d’outre-mer. Les producteurs canadiens qui vendent leurs produits en Union européenne doivent déjà respecter leurs exigences ; pourtant, les entreprises qui vendent leurs produits au Canada n’ont pas autant l’obligation de fournir autant d’informations aux consommateurs canadiens.
« Le Canada se situe bien loin derrière les autres pays pour fournir aux Canadiens des informations exhaustives et exactes sur la provenance de leurs poissons et fruits de mer », explique Sayara Thurston, spécialiste de campagne pour Oceana Canada. « Les poissons et les fruits de mer suivent un parcours long, complexe et obscur, traversant plusieurs frontières internationales avant de se retrouver dans nos assiettes. Il existe des risques de fraude et d’étiquetage trompeur à chacune des étapes d’approvisionnement. »
« Si le Canada continue à être en retard sur ses partenaires commerciaux en ce qui a trait aux exigences de traçabilité, notre réputation d’innocuité alimentaire risque d’être compromise », affirme Mme Thurston. « Ainsi, Oceana Canada demande au gouvernement canadien de mettre rapidement en place des mesures complètes de traçabilité, du navire jusqu’à l’assiette, à l’instar des pratiques exemplaires internationales. »
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Pour consulter le rapport détaillé d’Oceana Canada et d’autres documents explicatifs, et signer la pétition qui demande à l’ACIA d’assumer un rôle de leadership pour la traçabilité des produits de la mer, visitez oceana.ca/fr/ArreterLaFraude.
Contact : Kathleen Munro (Pilot PMR, pour Oceana Canada), Kathleen.munro@pilotpmr.com, 416.462.0199 x250, 902.789.3165
À propos d’Oceana Canada
Établie en 2015, Oceana Canada est une organisation caritative indépendante qui fait partie de la plus grande organisation internationale vouée exclusivement à la conservation des océans. Les efforts de sensibilisation d’Oceana Canada ont notamment contribué à mettre fin au commerce des nageoires de requins, faire du rétablissement des populations de poissons épuisées une obligation légale, améliorer la façon dont les pêches sont gérées, et protéger les habitats marins. Nous travaillons avec la société civile, les universitaires, les pêcheurs, les populations autochtones et le gouvernement fédéral afin d’aider les océans canadiens à retrouver leur santé et leur abondance d’autrefois. En assurant la restauration des océans canadiens, nous fortifierons nos communautés, profiterons de plus grands avantages sur les plans économique et alimentaire, et protégerons notre avenir. Visitez www.oceana.ca pour en savoir plus.