Le Canada laisse tomber ses pêches : moins du tiers est considéré comme en santé

Le premier ministre Trudeau et la nouvelle ministre des Pêches Joyce Murray ont une véritable opportunité d’améliorer le sort des poissons sauvages épuisés au Canada et créer une économie bleue prospère

Press Release Date: November 16, 2021

HALIFAX, N-É — Oceana Canada publie aujourd’hui la cinquième édition annuelle de son Audit des pêches, qui démontre qu’en dépit d’engagements et investissements gouvernementaux importants, la santé des poissons sauvages au Canada ne s’est pas améliorée dans les cinq dernières années. Moins du tiers des pêches canadiennes est considéré comme en santé (30,4 % versus 34,5 % en 2017) ; 16 % sont dans la zone de prudence, et 17 % sont en zone critique. Parmi ces dernières, près de 80 % n’ont pas de plan de rétablissement, pourtant exigé en vertu de la politique de Pêches et Océans Canada (MPO), qui préciserait les échéanciers et les mesures à adopter pour ramener les stocks en zone saine.

Au cours des cinq dernières années, le gouvernement fédéral a amélioré la transparence de la gestion des pêches, effectué de nouveaux investissements pour les sciences océaniques, complété de nouveaux standards nationaux pour la surveillance des pêches, et a adopté une Loi sur les pêches moderne qui rend obligatoire la création de plans de rétablissement pour les pêches épuisées. Malheureusement, le dernier Audit des pêches d’Oceana Canada démontre que le MPO n’a pas réussi à concrétiser ses engagements politiques ; et jusqu’ici, les investissements n’ont mené qu’à peu de résultats mesurables et de changements dans les indicateurs de bonne gestion des pêches.

« Lois modernisées, engagements politiques et investissements ne sont valables que si le gouvernement peut les réaliser avec succès, ce qui, dans le cas de la gestion des pêches

canadiennes, n’a manifestement pas été le cas, » affirme Josh Laughren, Directeur exécutif, Oceana Canada. « Le premier ministre Trudeau et la nouvelle ministre des Pêches, Joyce Murray, ont une rare opportunité de réparer les dommages causés par la surpêche, ramener l’abondance des océans et stimuler notre rétablissement économique post-pandémie. Pour ce faire, il faut adopter une réglementation de rétablissement forte sous la Loi sur les pêches, et s’assurer que le MPO réponde à ses engagements de longue date. »

Il est plus urgent que jamais de renverser la tendance du rendement du MPO en matière de gestion, tout comme le destin des populations de poissons sauvages. Aujourd’hui, les pêches doivent faire face à une pression accrue causée par les changements climatiques, la pollution, la destruction des habitats et la surpêche.

« Nous ne pouvons nous permettre d’accepter le statu quo pendant encore cinq ans. Il n’est pas trop tard, et nous avons les outils ; des pratiques exemplaires mondiales existent pour rétablir l’abondance dans les océans. D’autres pays ont déjà mis en œuvre des mesures progressives et en voient les bénéfices par le biais de populations en meilleure santé, et des prises accrues. Le Canada doit faire de même, » explique Dr Robert Rangeley, Directeur des sciences pour Oceana Canada. « La marche à suivre, bien que parfois difficile, est claire : rétablir les populations de poissons sauvages, assurer un support durable auprès des communautés côtières, et aider à nourrir les générations futures peut être l’héritage du gouvernement actuel. »

Un bon exemple est celui des États-Unis, qui, depuis 2000, ont rétabli 47 stocks de poissons épuisés,[i] grâce aux exigences strictes de la Magnuson-Stevens Act. 26 d’entre eux furent rétablis entre 2010 et 2020, pour une valeur au débarquement combinée approximative de 240 millions CAD en 2020.[ii]

Oceana Canada exhorte le Premier Minsitre Trudeau et la ministre Murray à remédier aux lacunes les plus importantes dans la gestion des pêches marines canadiennes dans les cinq prochaines années, en priorisant les mesures suivantes :

  1. Rebâtir les pêches épuisées en adoptant une réglementation forte pour leur rétablissement.
  2. Compter toutes les prises pour de meilleures décisions éclairées, fondées sur les données scientifiques.
  3. Adopter de meilleures mesures de précaution pour les poissons-fourrage et aborder la question de la vulnérabilité des espèces face aux changements climatiques.

Pour consulter l’Audit des pêches et pour signer la pétition d’Oceana Canada réclamant de toure urgence le rétablissement des poissons au Canada, visitez FisheryAudit.ca/fr.

Établie en 2015, Oceana Canada est une organisation caritative indépendante qui fait partie de la plus grande organisation internationale vouée exclusivement à la conservation des océans. Les efforts de sensibilisation d’Oceana Canada ont notamment contribué à mettre fin au commerce des nageoires de requins, faire du rétablissement des populations de poissons épuisées une obligation légale, améliorer la façon dont les pêches sont gérées, et protéger les habitats marins. Nous travaillons avec la société civile, les universitaires, les pêcheurs, les populations autochtones et le gouvernement fédéral afin d’aider les océans canadiens à retrouver leur santé et leur abondance d’autrefois. En assurant la restauration des océans canadiens, nous fortifierons nos communautés, profiterons de plus grands avantages sur les plans économique et alimentaire, et protégerons notre avenir. Oceana.ca

 

[i] https://www.fisheries.noaa.gov/national/sustainable-fisheries/status-stocks-2020
[ii] Valeur approximative des débarquements déclarés en 2020 (USD) de chaque population américaine reconstituée, selon les espèces et les régions du National Marine Fisheries Service telles que déclarées par la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). Disponible au https://www.fisheries.noaa.gov/foss/f?p=215:200:16006322214907:Mail:NO. La valeur est approximative, car les zones de l’US Fishery Council utilisées dans l’outil de déclaration de la valeur au débarquement de la NOAA ne correspondent pas toujours aux zones des stocks. Il faut aussi noter que les stocks de saumon du Pacifique déclarés rétablis en 2011-13 sont exclus, car la plupart ont été déclarés à nouveau surexploités et inclus dans de nouveaux plans de rétablissement.